Mr ROSSET
Evêque de Mauriennw
PARIS
LIBRAIRIE VICTOR LECOFPRE
90, RUE BONAPARTE, 00
1882
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© Bibliothèque Saint Libère 200 . 8
Toute reproduction à but non lucratif est autorisée.
CHAPITRE PREMIER
But et esprit de l'ouvrage 1
CHAPITRE H
Satanisme de la Frauc-Maçonuerie 17
CHAPITRE III
Origine eL organisation de la Franc-Maçonnerie comme
coufrérie 31
CHAPITRE IV
D'horribles serments et le poignard, clef de voûte de la
constitution de la Fianc-MaçomuTÏe 41
CHAPITRE V
Le mensonge et l'hypocrisie, moyens habituellement em-
ployés par la Fran.'-Maçonnerie 51
CHAPITRE VI
1& politique, puissant instrument pour la Frauc-Maçon-
neric G7
CHAPITRE VU
La Franc-Maconnerie veut, avant tout, détruire l'Église
Catholique, pour pouvoir détruire toute religion. . .
CHAPITRE VIII
Du chapitre dos Paroles- d'un croyant, par Fahhé de La
M en nais, quand il était croyant
CHAPITRE IX
La Franc-Maçonnerie veut rancanlissement du clergé ca-
tholique
CHAPITRE X
'La Franc-Maçonnerie veut l'anéantissement des congréga-
tions religieuses
CHAPITRE XI
La Franc-Maçonnerie veut l'enseignement athée
CHAPITRE XII
La Franc-Maconnerie vent l'anéantissement de la morale
et de la justice
CHAPITRE XIII
La Franc-Maçonnerie anéantit la patrie
CHAPITRE XIV
Extension prodigieuse et affreux ravages de la Franc-
Mae .onneric. Perspicacité et sollicitude des Papes et
aveuglement des Souverains
CHAPITRE XV
Le premier moyen à employer contre la Fr^nc-Maconnc-
rie est d'empêcher son recrut ment .
CHAPITRE 1
But et esprit de l'ouvrage.
Ce livre n'est pas un traité complet sur la Franc-
Maçonnerie. Mon but, en récrivant, n'a pas été
de raconter en détail les origines et les accrois-
sements de cette secte satanique, ni d'exposer
toute sa constitution, ni même de montrer les
transformations par lesquelles elle a passé, pour
aboutir enfin au panthéisme matérialiste et huma-
nitaire. Je désire que mon livre soit lu surtout
par les agriculteurs et les ouvriers, que la Franc-
Maçonnerie trompe et exploite de la manière la
plus indigne : et ils ne m'auraient pas assez
compris, si j'avais envisagé la Franc-Maçonnerie
sous des aspects qui, pour être bien saisis, exigent
au préalable certaines données scientifiques. Ce-
pendant j'espère avoir assez fait connaître son
caractère pervers et les dangers qu'elle fait courir
à la religion et à la société, pour que tout lec-
teur n'hésite pas à reconnaître en elle l’ennemi.
"..."
CHAPITRE II
Satanisme de la Franc-Maçonnerie.
(extraits du livre)
Le monde est animé, poussé et dirigé par l'es-
prit de mensonge et de perversité, qui s'efforce
continuellement de faire tomber les hommes dans
l'erreur, de les livrer aux désirs de leur cœur
corrompu, et de semer partout la mort.
l'Eglise
est animée, poussée et dirigée par l'esprit de
vérité et d'amour, qui éclaire continuellement nos
intelligences des lumières célestes, embrase nos
cœurs du feu de la charité, et répand partout la
vie de Dieu. L'âme humaine est présente à toutes
les parties du corps, puisqu'elle est leur forme
"substantielle et leur principe de vie ; néanmoins, "
quant à sa vertu, elle réside d'une manière spéciale
dans les organes des sens, qui sontles instruments
dont elle se sert pour les actions de la vie sen-
sitive. L'Esprit-Saint, qui est comme l'àme de
"l'Eglise, est présent dans toutes ses parties; il "
répand la foi, l'espérance, la charité et la grâce
dans l'âme des fidèles, et il habite leurs corps,
qui, consacrés parle baptême, sont pour lui autant
de temples qu'il habite avec délices, tant que la
souillure du péché ne vient pas le contrister.
Néanmoins l’Esprit-Sainy fait spécialement sentir
sa présence dans ceux qui sont les principaux
organes du corpsmystique de Jésus-Christ, l'Église
"catholique; ainsi il assiste d'une manière très
spéciale le Souverain Pontife, afin qu'il conserve
"intact et pur le dépôt de la foi ; il manifeste sa "
vertu principalement dans les évoques, qu'il a
"établis pour gouverner l'Eglise de Dieu ; il ma-"
nifeste d'une manière particulière sa vie dans
toute la hiérarchie sacrée, dont la mission est
de répandre le feu que Jésus-Christ est venu ap-
"porter à la terre pour l'embraser; il manifeste "
aussi d'une manière particulière sa vie dans les
congrégations religieuses, qui sont, dans l'Eglise,
comme les troupes auxiliaires et les corps d'élite
de la grande armée de Jésus-Christ. Or, le démon,
que Tertullien a si bien appelé le singe de Dieu,
pour arriver à son but, n'a rien su faire de mieux
que de contrefaire les œuvres de Dieu les plus
admirables. Tout en faisant sentir le poids de la
tyrannie la plus avilissante à toutes les parties
de son vaste empire, il a soin, dans la guerre
qu'il fait à Dieu et à ses serviteurs, de se créer des
corps d'élite, auxquels il communique d'une ma-
nière spéciale la haine qui l'anime. Depuis plus
d'un siècle, la Franc-Maçonnerie est le corps
"d'élite de l'armée de, Satan elle est le chef-d'œuvre ;"
de sa ruse et de sa malice. La toute-puissance de
Dieu ne pouvait rien faire de plus divin que l'in-
"carnation du Verbe; le génie de Satan ne pouvait "
rien faire de plus diabolique que la Franc-Maçon-
neric. L'Eglise catholique, extension de l'Incar-
nation, est le chef-d'œuvre de l'amour pour le
"salut des hommes ; la Franc-Maçonnerie, incarna-
tion de Satan, est le chef-d'œuvre de la haine
pour la perte des hommes. C'est là que Satan se
plait à habiter et qu'il fait tout particulièrement
"sentir sa puissance ; car il a donné à la Franc-"
"Maçonnerie son esprit, et en a fait son corps; il "
lui a mis au cœur toute sa haine, et s'en est fait
le plus formidable organe pour soutenir la guerre
contre Dieu.
Jésus-Christ a donne à son vicaire
les clefs du royaume des cieux, pour ouvrir tous
les trésors de ses mérites et faire descendre sur
la terre des fleuves de grâce et de miséricorde.
Satan a donné à la Franc-Maçonnerie la clef du
puits de l'abîme, d'où sort la fumée de l'erreur qui
"obscurcit les intelligences ; et, avec la fumée de "
l'erreur, se répand Le venin de toutes les hérésies,
figurées dans l'Apocalypse (Apocalypse, ix, 3. ) par les sauterelles
venimeuses comme des scorpions qui sortent des
flancs de la colonne de fumée et ravagent toute
la terre *. L'esprit de vérité est la providence de
"l'Eglise, il l'assiste, l'éclairé et la dirige ;
l'esprit" de mensonge est la providence de la Franc-Maçon-
nerie, il l'assiste, lui inspire ses projets de des-
truction, la pousse et la dirige dans la voie de
l'iniquité. Un homme, qui a contre l'Église une
haine qui va quelquefois jusqu'au paroxysme de
la rage, fut pris d'enthousiasme à la tribune fran-
çaise, en rappelant aux députés l'extermination
des congrégations par les chefs de la Révolution,
qu'il appelle ses pères et ses maîtres. Mesurant
leur grandeur à l'immensité des ruines qu'ils ont
amoncelées, il les trouve si supérieurs aux géné-
rations qui les ont suivis, « qu'en vérité, s'écrie-
t-il, si nous ne savions à quelle hauteur, sous l'exci-
tation du péril et de l'émulation, ou pressée
par le sentiment du devoir, peut monter l'huma-
nité, nous pourrions croire que quelque provi-
dence les avait à plaisir de ses mains façonnés
pour les grands temps où ils vivaient, pour les
grandes cuivres qu'ils avaient à accomplir ' ». Le
fougueux démagogue ne se trompait pas : cette
providence spéciale dont il a comme l'instinct,
elle existe. C'est elle qui a façonné les Marat, les
Col lot d'IIerbois, les Fouquicr-Tainville, les
Danton, les Robespierre et tous les autres
monstres qui se sont repus de sang humain : c'est
Satan.
Oui, Satan est la providence de la Franc-
Maçonnerie ! Il est plus que cela : il en en est l'âme.
C'est lui qui inspire la haine de Jésus-Christ,
haine contre nature et qui demeure inexplicable,
si l’on écarte l'intervention de Satan.
Celui qui
croit la divinité de Jésus-Christ, comment
pourrait-il le haïr? Comment pourrait-il délester
un Dieu qui s'est fait homme par amour pour
nous, et nous a aimés jusqu'à endurer pour nous
le plus cruel et le plus ignominieux des supplices ?
Et celui qui ne croit pas à sa divinité, comment
pourrait-il le haïr? Comme homme, Jésus-Christ
est encore le plus beau type et le plus grand bien-
faiteur de rhumanité. Et celui qui prétend que
Jésus-Christ n'a jamais existé, qu'il n'est qu'un
mythe, qu'un symbole, comment pourrait-il le
haïr? Ne devrait-il pas plutôt l'aimer comme
l'idéal de la beauté morale? Donc la haine du
Christ est humainement inexplicable : c'est un
mystère, mystère de la malice de Satan, qui pousse
tant d'hommes baptisés dans le Christ à l'exécrer
dans sa personne, et à le persécuter dans son
Eglise, dans son Vicaire, dans ses ministres, dans
ses épouses et dans tous ses membres. Jésus-
Christ est l'homme nouveau, l'homme de la sain-
"teté, de la justice et de la vérité; Satan travaille "
de toutes ses forces à réhabiliter le vieil homme
avec ses trois concupiscences, la concupiscence
de la chair, la concupiscence de l'avarice, et la
concupiscence de l'orgueil.
"..."
CHAPITRE III
Origine et organisation de la
Franc-Maçonnerie comme confrérie.
Comme confrérie, la Franc-Maçonnerie a com-
mencé vers l’an 1720 de notre ère. Plusieurs sou-
"tiennent qu'elle est beaucoup plus ancienne ; il "
en est même qui la font remonter jusqu'à Caïn et
à Lucifer. Peut-être ne distinguent-ils pas sa con-
stitution organique de ses principes et de son but,
Findel et les autres maçons qui ont écrit son his-
toire, disent qu'elle ne remonte pas plus haut que
"la date indiquée ; or, si elle remontait plus haut, "
ils se seraient bien gardés de lui ôler son caractère-
d'antiquité. Ses archives sont maintenant bien
connues, et cependant il n'y en a pas d'antérieures
à cette époque. Enfin l'Eglise de Jésus-Christ,
qui est la colonne et le soutien de la vérité, la
gardienne du dépôt sacré de la foi, n'aurait pas
manqué d'apercevoir la Maçonnerie et de la con-
damner, si elle avait existe de toute antiquité.
Pas une hérésie n'a échappé à son regard yigi-
"lant ; à peine les hérésies étaient-elles nées, que
déjà elle les avait anathématisées. Comment donc
cette Eglise si remplie do sollicitude pour pré-
server le troupeau de Jésus-Christ de la contagion
de Thérésie serait-elle arrivée jusqu'au xvm° siè-
cle, avant de découvrir la Maçonnerie, la plus
formidable des hérésies?
"..."
Pour façonner cette secte, qui est son grand
chef-d'œuvre, Satan prit d'abord ce qu'il y avait
de pire dans les hérésies et les sectes qui ont at-
taqué l'Eglise pendant les dix-sept premiers siè-
cles, et il en fit un condensé, qui est devenu le
symbole ou credo du maçon. La Franc-Maçonne-
rie est l'égout collecteur de tout ce que le génie
du mal a produit de pire : « En elle, dit le pape
Grégoire XVI, comme dans une sentine, coule,
mêlé à toutes les immondices, tout ce qu'il y a de
sacrilège, tout ce qu'il y d'infamie, tout ce qu'il
y a de blasphème dans les hérésies et les sectes
(« Qiuc qnirium timta cnlamitatum coûgerics ex illarum in
yrimis conspiratione societatum est repetcuda in quas quhl-
quid in Jia?resil)us ol in scelorntisshnis quibusque sectis sam-
loginm, flapitîosuni. ne blaspheinum est, quasi in ecntiuam
quaimlntn, ciiin omnium sordinm cuncrutiono conlluxiu » Let-
tres eneycliq. Mirari vos, Vô août 1832. )
les plus criminelles . » Toutefois, comme Satan
assouvit d'autantplus sa fureur contre Dieu, qu'il
dégrade davantage l'homme, qui est fait à l'image
de Dieu, et le plonge plus profondément dans la
fange, il a, de préférence, pris les matériaux
de l'édifice maçonnique dans les abominables
hérésies des Gnostiques et des Manichéens. Selon
le rituel du 18° grade de la Maçonnerie écossaise,
appelé Hase-Croix, le chef doit porter TE toi le
d'Italie sur la poitrine quand il est revêtu des
ornements de cérémonie et préside la Loge. Aux
autres, on la met sur la tête, sur les épaules. En-
suite ils se la mettent eux-mêmes sur le cœur avec
la lettre G au milieu, ce qui signifie : Gnose ou
génération. Sur le revers sont les lettres F, E. G.,
ce qui veut dire Foi, Espérance, Charité, mais,
par-dessus tout, Foi, foi aveugle, sans laquelle
rien ne se fait. Les Gnostiqucs et les Manichéens
proscrivaient toutes les lois et se livraient toutes h
les abominations de la chair. Pour eux, le men-
songe, l'hypocrisie, le parjure, tous les moyens
étaient bons. Saint Epiphane et saint Augustin
disent qu'ils se connaissaient entre eux par des
paroles de passe et par certains attouchements.
Saint Léon Je Grand a résumé leurs doctrines et
leurs pratiques en ces trois mots : « Ils n'ont pour
loi que le mensonge, pour religion que le démon,
pour sacrilice que les turpitudes. » Or, la doctrine-
elles pratiques de ces hérétiques occupent une
place si importante dans la Maçonnerie, elles en
constituent tellement les profondes assises, que
Weishaupl a dit : « Les illuminés seuls sont en
possession des secrets du vrai Franc-Maçon. Il
reste mémo aux illuminés une grande partie des
secrets à découvrir. Le nouveau chevalier doit y
consacrer ses recherches, [lest bien spécialement
averti que c'est par l'étude des anciens Gnostiqucs
et des Manichéens qu'il pourra faire de grandes
découvertes sur celte véritable Maçonnerie. Le
Manichéisme, vrai Prolhée sorti de renier, prit
différentes formes pour se dissimuler. Au moyen
âge, il s'incarna principalement dans l'hérésie des
"Albigeois à la Renaissance, il se réfugia surtout ;"
chez les astrologues, les alchimistes, les nécro-
manciens et cabalistes, qui formaient des sectes
ayant leurs constitutions, leurs règles et leur rites.
Le concile de Trente les condamna parmi décret,
qui est la neuvième règle de l'Index *. Le protes-
tantisme, le jansénisme et le philosophisme four-
nirent aussi à la Maçonnerie d'excellents élé-
ments, a Sous le ministère de Choiseul, dit
Proyart, la Maçonnerie se confondit tellement
avec la philosophie du jour, qu'elle ne parut plus
former avec elle qu'une seule et même secte, et
comme un personnage à deux masques, qui, pour
la poursuite de ses vastes desseins, jugea plus
convenable de se montrer au grand jour sous le
manteau philosophique, que sous le tablier de
(Louis XVI détrôné avant d'être roi, l partie)
maçon réservé pour les mystères de la Loge . »
C'est avec tous ces matériaux que Satan con-
stitua la Franc-Maçonnerie. Lui, qui a fait par-
tic de la milice des anges, qui a vu l'unité et l'or-
"dre de leurs hiérarchies; lui, qui en connaît la "
force, puisque c'est par elles qu'il a été vaincu et
précipité dans l'enfer, n'a rien su faire de mieux
que d'établir la hiérarchie dans la Maçonnerie
et de l'organiser sur le modèle de l'armée céleste.
De là, pour la Maçonnerie extérieure, d'abord, les
trois grades inférieurs d'Àpprenti-maçon, de Com-
"pagnon et de maître; ensuite, les hauts grades de "
J'ugo-lMiilosophe-Grand-Commandeur inconnu,
de Chevalier Kadosch et de Rose-Croix. Derrière
la Franc-Maçonnerie extérieure, se trouve la
Franc-Maçonnerie occulte, qui est purement et
simplement la Société secrète. Kilo est le ressort
et Pâme de toutes les Maçonneries, ii elle seule
sont communiqués les secrets, et c'est aussi dans
les réunions de cette Maçonnerie occulte qu'ont
lieu les orgies que je ne puis dire au lecteur. Les
membres des hauts grades de la Maçonnerie ex-
térieur* peuvent tout au plus pressentir les se-
crets,
"..."
A la tête de toute cette armée téné-
breuse, il y a un chef unique et inconnu, qui
reste dans l'ombre, qui tient tous les ateliers et
"toutes les loges dans sa main; chef mystérieux "
et terrible auquel sont liés, par un serment d'o-
béissance aveugle, tous les maçons de tous les
rites et de tous les grades, qui ne connaissent
même pas son nom, et qui, pour la plupart, ne
veulent pas croire à son existence. Cet homme
diabolique est plus puissant qu'aucun roi de ce
monde... Il n'est connu que de cinq ou six adeptes
choisis, qui le mettent en rapport chacun avec
une section ou vente ou loge, et les adeptes de
cette section ignorent le rôle que le lieutenant du
grand chef remplit parmi eux. Chacun des maçons
do la section la représente à son tour dans une
section ou vente inférieure, toujours à l'insu
"des adeptes réunis là; et ainsi de suite jusqu'aux "
loges les plus insigniiianles de la Maçonnerie ex-
térieur*», jusqu'aux assemblées maçonniques en
apparence les plus étrangères aux complots des
sociétés secrètes. Dans cette hiérarchie sous-ma-
çonnique, chacun est conduit sans savoir par qui,
et exécute des ordres dont il ignore et l'origine
et le but réel.,. Dans la Maçonnerie occulte, les
"maçons jettent le masque; ils dédaignent et re-"
poussent le symbolisme à la fois ridicule et per-
"vers des initiations premières; ils vont droit au "
fait : (literre à Dieu, à son Christ et à son EgliseT
guerre aux rois et à toute puissance humaine qui
"7i* est pas avec nous! Telle est leur devise; tel est "
leur cri de ralliement...
"« Ainsi, derrière la Loge et l'arrière-Loge; "
derrière le franc-maçon apprenti, compagnon,
maître, et même derrière les francs-maçons des
hauts grades, se cache le franc-maçon charbon-
nier, l'homme de la Société secrète et des Ventes.
Les Loges que la Franc-Maçonnerie aflirme, ca-
chent à tous les regards les arrière-Loges, les
grades cachent les arrière-grades, la doctrine
avouée cache la doctrine mystérieuse, les rites et
les cérémonies grotesques cachent les trames
"occultes ; les secrets ridicules n'ont été inventés "
"que pour mieux cacher le vrai secret; en un mot, "
la Maçonnerie publique cache la Maçonnerie se-
crète. Il y a union intime, mais occulte, entre la
Franc-Maçonnerie et la Charbonnerie : l’une est
"le corps, l'autre est l'âme; l'une est l'armée des "
"soldats, l'autre l'armée des chefs l'une est menée ;
l'autre mène *. »
1. M de Ségur, les Francs-Maçons,
"..."
CHAPITRE IV
D'horribles serments et le poignard,
clef de voûte de la constitution de la
Franc-Maçonnerie.
Les horribles serments et la justice du poi-
gnard, qui donnent à la constitution franc-maçon-
nique sa solidité et sa puissance formidable, mé-
ritent un chapitre à part. Le but de la Franc-
Maçonnerie et le plan conçu pour l'atteindre
doivent demeurer ensevelis dans les ténèbres les
"plus inpénétrables; le plan surtout est l'objet d'un "
secret absolu. Il est naturel qu'elle procède ainsi :
iille du prince des ténèbres, elle doit marcher dans
"les ténèbres ; car, dit le Sauveur, quiconque fait "
le mal hait la lumière, et il ne vient point à la lu-
mière de peur que ses œuvres ne soient découvertes.
Mais celui qui accomplit la .vérité vient à la lu-
mière, afin que ses œuvres soient manifestées,
(Êi\ selon saint Jean, chap. UT, 20 et 21.)
parce quelles ont été faites en Dieu . La première
raison qui a déterminé le pape Clément XII à
condamner la Franc-Maçonnerie, est, dit le pape
Benoît XIV , la fin vers laquelle elle tend, et la
deuxième raison est cet engagement rigoureux
d'un impénétrable secret sur tout ce qui se passe
dans les convenlicules. « Le but de Tordre, a dit
"un franc-maçon, doit être son premier secret; le "
monde n'est pas assez robuste pour en supporter
la révélation. » Le franc-maçon Dufresne a dit :
« La durée de notre existence maçonnique dé-
pend de la conservation rigoureuse de nos se-
crets. » En effet, la Franc-Maçonnerie ressemble
à certaines larves qui se creusent des galeries
dans les troncs d'arbres et ravagent quelquefois
"des forêts entières ; elles sont terribles, puissantes, "
tant qu'elles sont à l'abri de la lumière, sous Té-
"corce cl dans l'intérieur des arbres; mais, si vous "
les mettez au soleil, elles ne savent plus marcher
et ne lardent pas h périr. Dans une circulaire
adressée en 1791 aux arrière-Loges, la Franc-
Maçonnerie allemande disait: « Vos maîtres de-
(i. Constitution, Providas Romanorttm, 15 dos calendes d'a-
vril 1751. )
A aïeut vous dire, comme nos pères nous l'avaient
appris, que les secrets de l'association ne peuvent
être connus que par quelques maîtres. » En 1849,
un franc-maçon des hauts grades disait dans la
Loge de Brème : « II y a tel maçon qui ne par-
viendra jamais à connaître notre secret, pas
mémo par les Loges et nonobstant tous ses
grades : ce n'est qu'un profane, fut-il assis à
l'Orient du Temple et fût—il revêtu des insignes
du Grand-Maître. » Les francs-maçons qui croient
connaître les secrets ne sont que des dupes, et
Weishauptlcs traite d'imbéciles « Laissez-moi là :
les brutes, les grossiers et les imbéciles. Il est
cependant une espèce d'imbéciles à qui il ne faut
pas le dire, parce qu'on peut tirer avantage de
leur sottise. Sans avoir de l'esprit, ils ont au moins
des écus.
Ce sont de bonnes gens, que ces gens-
là, et il nous en faut. Ces bonnes gens font nom-
bre et ils remplissent notre caisse. Augent nume-
rum et œrarium. Mettez-vous donc à l'œuvre, il
faut bien que ces messieurs mordent à Y hame-
çon. Mais gardons-nous bien de leur dire nos se-
crets. Ces sortes de gens doivent toujours être
persuadés que le grade qu'ils ont est le dernier . »
Les secrets sont scellés par un serment tout à
fait impie et scélérat, qui, par suite, n'est qu'un
horrible parjure, comme l'enseigne le pape
(2)
Léon XII avec le troisième concile de Latran .
Y a-t-il, en effet, quelque chose de plus criminel
et de plus indigne que de faire Dieu lui-même le
(3)
témoin et la caution des crimes ? Satan blas-
phème continuellement contre Dieu. Il était donc
naturel qu'il mît le sceau à son chef-d'œuvre par
1. Des occlusions des hauts grades, instruction d'un chevalier
illuminé ou écossais.
2. Non eniin dicenda ?unt juramenta, sed potius perjnria.
quœ contra utilitatem ecclesiasticam et sanctissimoruiu patruni
veniunt inslituta. » Canonc III.
3. « Nonnn iniquissiimim et indigntesimiun est Deum ipsum
veluti sceleruni ti.'stum et fidejussorem appellare? » Léo XII,
constît. Quo yraviuva, § il.
Je parjure le plus exécrable. Le serment franc-
maçonnique varie pour la forme, suivant Jes rites
"et les grades ; mais au fond, il est le môme, et sa "
!
substance en a été empruntée, dit le pape Pie VII ,
à r abominable secte des Piïsciilianistes. J'ai sous
"les yeux quelques formules de ce serment; elles "
sont toutes de nature à glacer d'épouvante. Je me
contenterai d'en citer quelques-unes, en faisant
grâce au lecteur du rite et de l'appareil terrifiant
qui accompagnent la prestation de serment. Dans
les Loges d'Angleterre, d'Allemagne, et de
France, qui suivent le rite écossais, les francs-
maçons des deux premiers grades d'apprenti et
de compagnon prêtent le serment suivant : Je
jure, au nom de l'Architecte suprême de tous les
mondes, de ne jamais révéler les secrets, les
signes, les attouchements, les paroles, les doc-
trines et Jes usages des Francs-Maçons, et de
garder là-dessus un silence éternel. »
« Je promets et jo jure à Dieu de n'en jamais
rien trahir, ni par signe, ni par paroles, ni par
"gestes; de n'en jamais rien faire écrire, ni litho-"
"graphier, ni graver, ni imprimer; de ne jamais "
publier ce qui m'a été confié jusqu'à ce moment
et ce qui le sera encore à l'avenir. Je m'engage
et je me soumets à la peine suivante, si je man-
que à ma parole :
« Qu'on me brûle les lèvres avec un fer rouge,
qu'on me coupe la main, qu'on m'arrache la lan-
gue, qu'on me tranche la gorge, que mon cada-
vre soit pendu dans une Loge pendant le travail
de l'admission d'un nouveau frère, pour être la
"flétrissure de mon infidélité et l'effroi des autres ; "
qu'on le brûle ensuite et qu'on en jette les cen-
dres au vent, afin qu'il ne reste plus aucune trace
de la mémoire de ma trahison. »
Dans l'illuminismc de Saint-Martin, l'initié
prête ce serment : « Je jure de briser les liens
charnels qui peuvent m'attacher encore à père,
mère, frères, sœurs, époux, parents, amis, roi,
chefs, bienfaiteurs, à tout homme quelconque à
qui j'ai promis foi, obéissance, gratitude ou ser-
vice. Je jure de révéler au nouveau chef que je
reconnais, tout ce que j'aurai vu, fait, lu, entendu,
appris ou deviné, et même de rechercher et d'épier
ce qui ne s'offrirait pas à mes yeux... »
Quand le serment est prêté, le vénérable déclare
au récipiendaire qu'il est délié de tous ses ser-
ments, et immédiatement il ajoute : <c Fuyez,
fuyez la tentation de révéler ce que vous avez
"entendu; car le tonnerre n'est pas plus prompt "
que le couteau qui vous atteindra, quelque part
que vous soyez. »
Le malheureux initié se livre ainsi, pieds et
mains liés, à une puissance occulte qu'il ne con-
naît pas et ne connaîtra jamais, et s'engage à être
un instrument inconscient et passif de toutes les
volontés de cette puissance, d'être, entre ses
mains, perinde ac cadaver, comme un cadavre,
c'est-à-dire de n'avoir plus ni jugement, ni vo-
lonté propre, d'exécuter tous les ordres qu'il
recevra, dût-il, pour cela, violer toutes les lois
divines et humaines et fouler aux pieds les senti-
ments les plus sacrés de la nature : il n'a de choix
qu'entre, l'obéissance aveugle et la mort. Depuis
longtemps déjà, quelques coryphées des sectes
ne craignent pas de prêcher \a justice du poignard
dans leurs journaux et leurs correspondances.
"Mazzini enseignait, dans h; journal ltalia e Po-"
polo, que ce si un popolano se lève et transperce
Judas eu plein midi, sur la voie publique, ce po-
pohnio s'est fait le représentant de la justice so-
eiale. » Dans une lettre écrite de Londres au comte
de Cavour, en 1838, Mazzini disait: «L'usage du
poignard vengeur est sanctionné par les serments
et de solennels jugements de la Charbonnrrie. »
Voici d'ailleurs quatre articles de la constitution
occulte qu'il a rédigée :
« Art. 30. Ceux qui n'obéiront point aux
« ordres do la Société secrète, ou qui en dévoile-
« runt les mystères, seront poignardés sans remis-
« sion. Même châtiment pour les traîtres.
« Arl. 31. Le tribunal secret prononcera la
« sentence et désignera un ou deux afliliés pour
« son exécution immédiate.
« Art. 32. Quiconque refusera d'exécuter l'ai-
« rêt sera censé parjure et, comme tel, tué sur-
« le-chainp.
« Art. 33. Si le coupable s'échappe, il sera pour-
"« suivi sans relâche, en tout lieu; et il devra "
« être frappé par une main invisible, fût-il sur
« le sein de sa mère ou dans le tabernacle du
« Christ! »
L'auteur du livre Y Initiation de la vie nouvelle,
dont la direction est à Palerme, dit aux jeunes
initiés : « Sachez que notre travail ne sera pas
purement... contemplatif... si bien que, dans les
assemblées, on a résolu de proposer le poignard
comme le dernier argument de sa conviction,
quand on aura épuisé la logique. »
"Ce ne sont pas là de vaines menaces; elles sont "
"exécutées avec la rigueur la plus inexorable et ;"
le malheureux qui veut s'y soustraire est traqué
de telle façon, qu'il lui est impossible d'échapper :
où qu'il aille, la Franc-Maçonnerie le suivra par-
tout, jusqu'au bout du monde. Elle possède des
ressources pour faire disparaître son cadavre, sans
que la police, ni qui que ce soit, puisse savoir ce
qu'il est devenu. Voici un fait entre mille. Un
jeune homme initié à la Franc-Maçonnerie fut
désigné pour poignarder une victime de la Secte.
Celte victime traversa l’Océan Atlantique et alla
se cacher dans un lieu perdu de l'Amérique. Mais,
à l'aide de l'inquisition vraiment infernale de la
Secte, le jeune initie connut parfaitement la piste
de la victime et la poignarda dans son obscure
retraite. Il revint en Europe bourrelé par le re-
mords et presque décidé à ne plus assister aux
"réunions de la Maçonnerie secrète; mais bientôt "
un nouvel ordre lui fut intimé d'immoler une
autre victime et de venger la Secte. Révolté de
tant d'atrocités, il prend la résolution de se sous-
traire à l'horrible tyrannie du poignard, et part
incognito pour l'Algérie. Arrivé à Marseille, il
reçoit à l'hôtel ce billet fraternel : « Nous savons
"ton projet; lu ne nous échapperas point. L'obéis-"
sance ou la mort! » 11 rebrousse aussitôt chemin
saisi d'épouvante et s'arrête à Lyon, dans une
auberge obscure. Une demi-heure après, un in-
"connu apporte pour lui ce billet ; « Tu obéiras, "
ou lu mourras ! » Terrifié, il s'enfuit de Lyon et
va par des chemins détournés demander un abri
au monastère de la Trappe des Dombes, près
Helley. Le lendemain, il reçoit ce billet : « Nous
"te suivons; en vain tu cherches à nous échapper. » "
Eperdu, hors de lui-même, et sachant (pie la Secte
ne pardonne jamais, il va se jeter entre les bras
d'un prêtre, qui trouve le moyen, en confiant la.
victime à d'intrépides missionnaires, de dépister
les terribles limiers acharnés à sa poursuite
Quant aux souverains qui ont des gardes pour
s'abriter contre les coups de poignard, la Franc-
Maçonnerie a les machines infernales, les bombes r
la dynamite et autres engins qui broient les équi-
pages et font sauter les palais. La Secte était à
peine née qu'elle montrait déjà ce caractère
"d'atroce férocité ; car voici le serment que prêta,. "
pendant la révolution, dans le club des Jacobins,
le franc-maçon Fauchet, évoque intrus de Calva-
dos : « Je jure une haine implacable au trône et
"au sacerdoce; et je consens, si je viole ce ser-"
mon sein parjure, que mes entrailles soient déchi-
rées et brûlées, et que mes cendres, portées aux
quatre coins de l'univers, soient un monument
de mon infidélité. »
« Pour mieux s'aguerrir soit à frapper un traî-
tre ou à combattre les Assyriens, le franc-maçon
jugé digne des plus hauts grades n'y arrivait néan-
moins qu'après s'être distingué par son intrépi-
dité dans des situations de douleur et d'effroi, où,
ayant eu longtemps à lutter contre la faim, la
soif, et le poison qu'on lui offrait, il avait fallu
qu'il finit par poignarder des figures humaines
d'un naturel à faire illusion. Il leur coupait la
"tête, le sang ruisselait, il en buvait; puis, saisis-"
sant les têtes par les cheveux, il les montraient
aux spectateurs qui applaudissaient en reconnais-
sant un pape, un roi de France et un grand-maître
de Milite. »
« C'était parmi ces exercices atroces que se
formaient sous les noms d'Elu, de Rose-Croix, de
Chevalier Kadosch, de Frère illuminé, etc., tous ces
êtres farouches et ces buveurs de sang, que l'on
devait voir vingt-cinq ans après désoler Ja France
(l)
et épouvanter la terre . »
1. Proyart, LouisXVIdétrôné avant d'être roi, 1™ partie.
Même après la révolution française, les forfaits
de la Franc-Maçonnerie devinrent si nombreux et
si manifestes, que le pape Léon XII, en 1825,
le's signalait comme l'un des puissants moyens
qu 'elle emploie pour exécuter son plan : « Quœ
mèpiarwa furmido sicarum, qitas m eortmi cor-
poribus (dam defigunt quos ad mortem désigna-
runt, etc. »
(suite)