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TÉMOIGNAGE :
Marie-Madeleine, pouvez-vous nous raconter votre chemin de conversion ?
Je suis née en Afrique du Nord, dans une famille musulmane mais qui n'était pas « dure ». Maman n'était pas voilée, Papa n'a pas eu de deuxième épouse....Il avait beaucoup de respect et d'amour pour ses filles. Je connaissais deux trois versets du Coran, des sourates, mais nous n'avons pas été à l'école coranique. J'ai commencé vraiment à pratiquer l'islam seulement quand je suis partie en Arabie saoudite : là-bas c'est le voile et la prière cinq fois par jour, c'est là que j'ai vraiment découvert ce que c'était que l'islam, je suis même allée en pèlerinage à la Mecque.
Et comment avez-vous réagi à ce monde musulman « dur » ?
Et bien, au lieu de devenir une bonne musulmane, j'ai vraiment détesté l'islam, et en tant que femme d'abord. A cause des impératifs vestimentaires drastiques...mais surtout en raison de la vision de la femme qui y est véhiculée. Dès lors que l'islam est vraiment pratiqué, la femme n'est plus qu'un corps : les hommes avaient de multiples épouses, les histoires de viols étaient nombreuses surtout dans ces pays riches où l'argent coule à flot et suscite l'esclavage. En réalité, j'y ai vu tout ce qui était interdit par l'islam : l'alcool, la drogue, la prostitution, l'adultère... Tout ce que je n'avais jamais vu dans ma famille. J'ai donc détesté ces gens-là. Et j'ai peu à peu tout laisser tomber même si je me devais d'afficher une façade extérieure.
En revanche, les chrétiens ne m'attiraient pas non plus : pour nous, la décadence occidentale, de l'avortement à la pornographie, est celle des chrétiens, on ne fait pas de distinguo, et le peu d'occidentales que je voyais dans mon métier me confortait malheureusement dans cette vision.
Quel fut alors l'élément déclencheur ?!
Quelques années plus tard, j'étais installée à Paris dans le cadre de mon travail et j'ai fini par rentrer au Sacré-Cœur de Montmartre : la beauté de la mosaïque centrale m'a saisie. Je me suis assise au dernier rang de la nef, regardant toujours ce Christ ouvrant les bras, et j'ai pleuré, pleuré sans savoir pourquoi. Quelque chose s'est passé ce jour-là. Mais ce n'est que des années plus tard que j'ai entamé mon chemin de conversion, facilité par le fait que j'avais épousé un Français catholique, même si la chose n'est jamais automatique ! Je fus baptisée dans notre paroisse et c'est d'ailleurs à partir de là que je me suis sentie vraiment française : la nationalité française est fondamentalement chrétienne. Seulement, ma Foi ne fut vraiment nourrie qu'à partir du moment où je découvris la Tradition.
Qu'est-ce qui vous a attiré dans la religion catholique en tant que femme ?
J'ai retrouvé confiance, j'ai trouvé la paix. Auparavant, j'étais envahie de ce complexe féminin musulman : je gardais en moi ce sentiment, cette peur que ce n'était que mon corps qui attirait les hommes. Quand j'étais musulmane, je ne me risquais pas à aller seule avec un homme dans un café ou un restaurant : c'était faire passer le message que j'allais finir la nuit avec lui. Chrétienne, j'ai pu avoir des amis hommes, comme des frères. Dans les prêtres, j'ai trouvé des pères qui répondaient à mes interrogations : en islam, l'imam faisait taire mes questions et pouvait même regarder aussi mon corps !
Cette considération de la femme en tant que femme est magnifié dans le mariage chrétien auquel une longue période de préparation est consacrée, alors qu'en islam, les fiançailles n'existent pas. Elle est aussi et surtout magnifiée dans cette figure de la Vierge Marie. En islam, c'est une vierge qui enfante un prophète et ça s'arrête là. Alors que dans les Écritures, son importance est magistrale, essentielle : Dieu a choisi de naître charnellement de l'une d'entre nous. La Vierge Marie, en fin de compte, m'a rendue fière d'être femme – je ne l'étais pas quand j'étais musulmane.
L'Eglise catholique transcende la différence sans la nier : alors qu'en islam, la femme ne peut prier avec l'homme et se met derrière lui...la femme chrétienne prie avec lui et peut témoigner publiquement de sa foi tout autant que lui. La mission de la femme musulmane se résume à son ventre : faire des enfants et se taire. Dans l’Église catholique, notre mission est grande, j'ai trouvé ma place.
Alors, comment expliquer la conversion de femmes à l'islam ?
J'ai connu effectivement plusieurs jeunes filles catholiques qui ont tenté de se convertir à l'islam ou qui l'ont même fait. J'avais été contactée alors par les parents ou les prêtres qui les fréquentaient pour essayer d'entrer en contact avec elles, les faire parler et tenter de les en détourner.
Comment expliquer ces conversions ?! Je pointerais d'abord le vide religieux ou le manque de pratique de la foi catholique : la rencontre avec des musulmans qui pratiquent et sont ouverts à ceux qui veulent discuter est un élément en leur faveur... Il peut exister également une blessure, un manque : je me souviens de l'une d'entre elles qui, en grande souffrance intérieure, s'était détournée de sa famille trop rigoriste, qui n'avait jamais prêté vraiment attention à l'intimité spirituelle de la petite fille... Celle-ci, plus âgée, avait commencé à fréquenter des jeunes musulmanes à la faculté et a fini par aller interroger les imams avant de tomber amoureuse d'un Saoudien.
Ne sous-estimons pas non plus l'attirance que peut générer la virilité : ces hommes musulmans ont un extérieur très viril, très séducteur au prime abord, et les jeunes filles peuvent être fascinées par cet aspect qu'elles rencontrent ailleurs de moins en moins, que ce soit dans nos sociétés européennes de plus en plus féminisées, mais aussi dans nos milieux catholiques, même traditionnels, où les jeunes garçons, les jeunes hommes vont de moins en moins de l'avant. C'est ce que m'avait confié une jeune fille catholique pratiquante qui s'était fait séduire par un jeune Algérien.
Et dans le sens inverse, les musulmanes, se convertissent-elles ?!
Alors il y a un grand travail à effectuer ! Oui, beaucoup sont touchées par la grâce et souhaitent se convertir. Mais, paradoxalement, l’Église ne nous aide pas forcément... J'ai connu des musulmanes se faire décourager par le prêtre de la paroisse : « Vous savez, c'est le même Dieu...et puis, vous allez avoir des problèmes... » ! Je peux comprendre que ce soit plus compliqué dans un pays musulman, où tout doit se faire plus discrètement, sous peine de lynchage familial ou de danger pour le prêtre, mais en France ! Dans certaines écoles dites catholiques, on fait même intervenir des musulmans pour parler de leur foi... C'est une grande pitié.
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